J.L Malaussena de Perno
VALERY GISCARD D’ESTAING: 1926-2020
Valery Giscard d’Estaing a incontestablement mieux compris que le général de Gaulle les attentes sociétales de la France et a su commencer à y répondre. C’est ce que l’on retient et retiendra de lui. Sur le plan économique, en revanche, il a poursuivi une politique monétaire excessive, dite d’encadrement du crédit, destinée à lutter contre une inflation modérée, due à n’en point douter à une croissance trop forte. Ce faisant, il a mis un terme aux « trente glorieuses », détruit un vivier immense de petites et moyennes entreprises en plein développement mais insuffisamment dotées en capital, et amorcé ainsi la désindustrialisation de la France.
Il supprime la planification indicative, sans doute pour le mot peu compatible avec son « libéralisme avancé », au moment même où l’intégration européenne et les débuts de la mondialisation commandaient une réflexion collective sur la stratégie économique. Il aborde la question européenne avec une naïveté qui tranche avec la malignité d’une Allemagne mercantiliste. Ministre des Finances, nul doute que le Gal de Gaulle ait vu dans sa politique une résurgence de celle qu’avait suivi la France avant la guerre, avec notamment Pierre Laval en 1935. Président de la République, il trouvera en Raymond Barre un premier ministre chantre de l’ »effort » des français, et du « franc fort » surévalué, en plein accord avec sa doctrine; Aussi le sacrera-t-il « meilleur économiste de France ». Pourtant, ils ignoreront, l’un et l’autre, que le « choc pétrolier» subi par les entreprises à partir de 1973, et cause de leurs inquiétudes, était bien moindre que celui des charges financières consécutives à leur politique (prélèvement jusqu’à 10 points de valeur ajoutée des entreprises au profit du système financier !) Mêmes causes, mêmes effets: Cette politique calamiteuse amènera en 1936 le Front Populaire comme l’Union de la Gauche en 1981.
Le drame est que le premier saura mettre un terme à cette politique funeste, mais trop tard pour préparer la guerre qui s’annonce, tandis que le second après quelques tentatives pour y échapper reprendra sa politique d’austérité. Aucun de ses successeurs n’aura la vision nécessaire pour la remettra en cause. Face au chômage permanent et massif, une politique ruineuse de redistribution devra prendre le pas jusqu’à aujourd’hui sur celle d’une croissance que l’on rendait impossible. En un sens il fut un pionnier.
J.L.Malaussena
3 décembre 2020
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